2010, Strasbourg – Europa – Les femmes, une force pour la démocratie
Un grand parc aux arbres en fleurs, une maison accueillante: le centre St Thomas à Strasbourg, à quelques pas des institutions européennes, était le lieu parfait pour recevoir l’Assemblée générale d’Andante, du 15 au 18 avril 2010. Les quelques soixante femmes venues de 13 pays d’Europe ont été chaleureusement accueillies par l’équipe diocésaine du Bas-Rhin de l’Action catholique des femmes, l’organisation membre française d’Andante. Jeudi après-midi, avant même la session d’ouverture officielle de l’Assemblée, de nombreuses participantes ont pu visiter le Conseil de l’Europe.
Démocratie, pour moi c’est…
Comme toujours, l’Assemblée générale était précédée de journées d’études sur un thème spécifique. Cette fois, c’était ‘La démocratie en Europe’ – Comment les femmes catholiques peuvent-elles jouer un rôle dans leurs démocraties? Comment Andante peut-elle avoir de l’influence sur les politiques européennes?
On avait demandé les déléguées de préparer une courte présentation sur ce qu’elles entendaient par ‘démocratie’, et de donner quelques exemples typiques du système démocratique dans leur pays. Les présentations ont montré des différences sensibles, tant dans la compréhension de la démocratie, que dans la manière de la vivre et de fonctionner. Une des différences signalées était celle entre les ‘vieilles’ et les ‘nouvelles’ démocraties: en Europe de l’ouest on voit une indifférence croissante vis-à-vis tout ce qui est ‘politique’; tandis que les habitants des pays de l’Europe de l’est, après l’échec du système dictatorial communiste, sont déçus dans leurs espoirs et expectations.
Des clivages que les intervenantes de la table ronde, des femmes politiques de six pays ont aussi soulignés. Différence dans la perception qu’en ont les peuples: pour certains, la démocratie est perçue avant tout comme un espace de liberté, donc un droit, et moins comme un espace de responsabilité, donc un devoir. Différence quant à la place de la société civile dans le processus décisionnel. Dans certains pays, il y a un vrai dialogue, les associations et les individus sont consultés (Suisse!), alors que dans d’autres, le pouvoir politique a confisqué la parole, voire même se méfie de la société civile: le dialogue devient monologue.
Individualisme: une force négative ou positive?
Après les présentations, il y eut un vif débat – tant entre les intervenantes qu’avec la salle, modérée de manière excellente par Gret Haller (prof d’université, politologue, auteure, et ancienne ambassadrice de la Suisse auprès du Conseil de l’Europe). Une différence liée au genre a été soulignée: il y a deux manières de faire de la politique selon qu’on est un homme ou une femme. Les femmes sont surtout actives au niveau local car elles préfèrent s’occuper de sujets plus concrètes.
Dans tous nos pays, on signale un manque d’intérêt pour la chose politique, notamment dans la jeune génération, dû à plusieurs facteurs: décrédibilisation du discours politique à cause des promesses non tenues, manque de confiance dans ‘les politiques’, complexité des sujets et langage hermétique, le manque de transparence e.a. par l’influence de groupes de lobbyistes.
L’individualisme croissant, qui ne recherche que la satisfaction de ses propres désirs, a été mentionné comme un des facteurs les plus négatifs. Gret Haller a pourtant posé un regard plus positif. L’histoire d’un pays a toujours joué un grand rôle dans l’organisation de la démocratie. C’est pourquoi il y a tant de différences entre les pays. Nous devons tenir à cette diversité, car dans la construction de l’Europe, le pluralisme est une force pour la démocratie. L’individualisme peut, lui aussi, être positif lorsqu’il devient le moteur d’une conscience éclairée. La liberté de chacun ne se limite pas à accepter l’avis de la majorité, mais bien à se forger une opinion personnelle. C’est cela qu’il nous faut encourager dans nos organisations et dans nos pays: une formation, une éducation à la démocratie pour que chacun, chacune puisse passer de l’expérience personnelle à la construction d’une opinion, et de l’opinion à la prise de responsabilité.
Plus de femmes en politique!
Plusieurs des intervenantes ont redit fortement que les femmes devaient s’engager, en politique, dans ce système très masculin, à tous les niveaux, aussi au niveau européen. Les choses ne bougeront, pour les femmes, que si des femmes sont en position de pouvoir: le pouvoir est une chose bonne s’il est mis au service du bien commun.
Les échanges dans les ateliers ont permis aux déléguées de repartir avec la conviction que les femmes devaient prendre leur place dans le système démocratique. Des projets ont été élaborés, des collaborations envisagées. C’était intéressant de voir que/comment plusieurs participantes, influencées par ce qu’elles avaient entendu et appris lors de ces journées d’étude, avaient changé, nuancé leur compréhension de ‘la démocratie, pour moi c’est…’.
Programme culturel
Il faut aussi mentionner le programme culturel offert par l’Acf qui a complété ces journées: visite de la belle cathédrale de Strasbourg, dégustation de spécialités dans l’ancienne Douane, tour de bateau dans la vielle ville historique, danses folkloriques. Tout comme le buffet international traditionnel, cette excursion a offert aux participantes l’opportunité de rencontres et échanges informelles, de découvrir les particularités de chacune, bref: de travailler en réseau!